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Je marche et déjà je ne suis plus sûre de me souvenir qui j'étais avant. L'obscurité glacée inonde mon corps, et le silence m'enveloppe comme un drap de soie. Irrésistiblement attirée par la noirceur de ce couloir sans fin, je marche, et l'anxiété et la tristesse grandissent dans mon cœur comme des plantes précoces. Alors dans cette douce torpeur, je sens que quelque chose arrive, qu'une lumière naît timidement de mon âme, comme un rayon d'or sur la cendre. Et au bout du couloir, je ne sens presque plus le froid de ma propre nuit, et au bout de ma solitude, mes doigts rencontrent alors l'humanité entière, tremblante et nue, avide de recevoir, alors que je contiens maintenant le monde, dans le feu de mon âme.